Barrage de Sivens Les zadistes vent debout contre les alternatives
Albi, 19 jan 2015 (AFP) - Les zadistes occupant le site du barrage de Sivens (Tarn) se sont déclarés lundi « satisfaits » de l'abandon du projet initial, mais ont souligné leur « complet désaccord » avec les deux alternatives proposées par les experts.
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« Si nous (...) sommes satisfais de cette orientation vers un abandon du projet initial, par contre, nous sommes en complet désaccord avec ces deux propositions », a déclaré un zadiste lisant un communiqué lors d'un « point presse » sur la « zone à défendre » (zad). Une trentaine de zadistes, tous encagoulés ou masqués, ont refusé de répondre aux questions de la vingtaine de journalistes présents, dont les identités et plaques d'immatriculation ont été vérifiées avant de pouvoir rentrer sur la zad.
Les occupants, qui sont encore une grosse cinquantaine sur le site, réagissaient pour la première fois à la décision de la ministre de l'Écologie Ségolène Royal, vendredi, d'enterrer le projet initial de barrage, qui suscite une vive contestation depuis des années. Ségolène Royal s'est basée sur un nouveau rapport d'experts qui estime le projet « non adapté » et propose deux alternatives : une retenue d'eau réduite de moitié (750.000 m3 contre 1,5 million de m3) 330 m en amont du projet initial mais toujours à Sivens, ou la construction de petites retenues d'eau, surnommées "bassines", sur des sites proches.
« Nous ne tolérons et n'accepterons pas ce type de projet car il porte atteinte au site de Sivens. Il favorise et renforce un modèle agricole dépassé », poursuit le communiqué des zadistes. Les occupants ont refusé de répondre aux questions des journalistes, en particulier celle de savoir s'ils étaient prêts à évacuer le site. « On ne lâche rien », ont-ils écrit dans leur communiqué.
Peu avant le « point presse », environ 150 agriculteurs du Tarn et du Tarn-et-Garonne, selon les gendarmes, ont mené une opération escargot avec leurs tracteurs sur la route reliant Montauban (Tarn-et-Garonne) à Gaillac (Tarn), qui longe la forêt de Sivens. Très remontés contre l'abandon du projet initial, ils brandissaient une banderole où on pouvait lire « Zadistes terroristes ». Cette « opération coup de poing » vise à dénoncer « l'enterrement » du projet initial et « l'occupation illégale » du site, a expliqué à l'Afp Alain Iches, représentant de la Fnsea dans le Tarn-et-Garonne.
L'union des producteurs de céréales et oléagineux (Orama) et le syndicat Irrigants de France dénoncent un « inacceptable gâchis », dans un communiqué. « 25 années de concertation locale et de multiples rapports mis à la trappe, 75 agriculteurs toujours en attente d'une solution durable. Pour satisfaire in fine quelques activistes fauteurs de troubles devant lesquels cède le gouvernement », critique le texte. « C'est irresponsable et nous ne sommes pas dupes », affirment les agriculteurs.
« Les experts sont les nouveaux bouffons de la République : Royal leur a demandé de dire ce qu'elle ne pouvait pas dire », accuse Roland Le Grand, président des Jeunes agriculteurs du Tarn. Le syndicaliste réclame la réalisation du projet initial qui, « seul, satisfait les besoins en eau », estime-t-il.
Lors d'une présentation lundi midi du rapport des experts à la préfecture du Tarn à Albi, le président du Conseil général, le socialiste Thierry Carcenac, a annoncé que l'assemblée départementale « fera le choix entre les deux » alternatives le 3 mars, appelant une nouvelle fois à « l'évacuation » du site par ses occupants. Thierry Carcenac avait vendredi marqué sa préférence pour le premier scénario proposé par les experts, celui d'un Sivens réduit de moitié.
Les écologistes antibarrage appellent cependant les élus à « ne pas choisir mais à décider de mener des études plus approfondies ». « Ce n'est que si les études complémentaires concluent de manière objective que l'existant sous-utilisé et les pratiques économes en eau ne sont pas suffisantes qu'il faudra envisager un nouvel ouvrage », estiment-ils dans un communiqué commun.
Le président du Conseil général du Tarn-et-Garonne, Jean-Michel Baylet, a quant à lui affirmé que « (son) département ne financera pas un autre projet que celui pour lequel nous étions tous d'accord ». « Je conteste totalement la méthode de Ségolène Royal. La ministre lance des experts (...) et, avant d'avoir même recueilli nos avis, elle fait un effet d'annonce pour enterrer le projet », accuse le président du Parti radical de gauche (Prg, membre de la majorité gouvernementale) au quotidien La Dépêche du Midi, qu'il préside.
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